19 "H"
Hésiter - Hurlement - Humain - Hélicoptère - Hirsute - Hécatombe - Honneur - Hongroise - Haschich - Harmonie - Humble - Hérisson - Hypothèse - Humiliation - Hanter - Haridelle - Hasard - Hiémal (e) - Halo
Claire avait fixé le rendez-vous pour le soir même, à 18 h, au kiosque à musique, Promenade Micaud.
Ils s'y rendraient, sans hésiter... Mais dans quel état d'esprit seraient-ils ?
Persuadée qu'une autre femme avait pris sa place dans le coeur et dans la vie de Valentin, elle avait eu tout le temps de ruminer son humiliation. Et après sa question : "c'est toi qui as mon pistolet ?", -qui l'avait infiniment blessée- était fermement décidée à "laver" son honneur. Comment un être humain peut-il être aussi diabolique ?
Mais elle abhorrait la vengeance et n'avait pas pour habitude de régler ses comptes par la violence.
Lui, avec sa bouille ronde, ses yeux légèrement bridés, hérités de ses lointaines origines hongroises, et ses cheveux blonds, coiffés en brosse comme un hérisson, aurait-il le courage de lui dire la vérité pour qu'elle comprenne ? Elle avait souvent en tête la citation de Mme de Staël "comprendre, c'est pardonner".
Leur histoire d'amour la hantait. Comment en étaient-ils arrivés là, après tous ces mois passés ensemble dans une espèce de halo d'harmonie et de bonheur fusionnels ?
Comment pouvait-il avoir oublié leurs corps enlacés, dès la première nuit de leur rencontre, au hasard d'une promenade hiémale, où la neige envahissant le Mont Saint-Etienne, l'avait poussée jusqu'à l'Espace Vauban, pour tuer le temps de ce dimanche qui n'en finissait pas. Elle avait complètement zappé sa visite du musée de la résistance et de la déportation, tellement elle s'était concentrée sur sa silhouette juvénile et mince, genre un peu trop "haridelle" à son goût, et son attitude d'étudiant potache collant d'un peu trop près la guide.
Petit à petit, elle avait appris à aimer son caractère hirsute, à pardonner ses humeurs, à accepter ses silences et les deux passions qui le dévoraient : les armes à feu et les maquettes d'hélicoptères. Elle l'aimait tout simplement.
Mais, comment, elle qui fonctionnait au feeling, n'avait-elle rien senti venir ?...
Après des années de solitude nostalgique, elle avait trouvé son antiblues, sa potion magique, bien mieux qu'une dose infime de haschich. Il lui avait redonné le sourire et surtout il lui avait appris à rire. Et puis, rien que son prénom qu'elle adorait, "Valentin", n'était-il pas à lui seul le gage d'une belle histoire d'amour ?
Contrairement à son habitude, elle quitta son bureau bien avant l'heure du rendez-vous. Une bonne marche lui permettrait d'évacuer un peu l'oppression qui lui serrait le coeur, et atténuerait son mal de tête qui s'était installé depuis leur coup de fil. Le kiosque à musique était désert à cause du ciel menaçant et du vent fort qui s'acharnait sur l'hécatombe des feuilles mortes.
Humble et respectueuse, elle avait été peinée de l'entendre pleurer au téléphone. Et avec sa sincérité naturelle, jamais elle n'aurait imaginé qu'il pleurait à l'idée qu'elle aurait pu le tuer...
A force de réfléchir, elle avait écarté l'hypothèse de l'affrontement, des pleurs et des hurlements. Inutile de continuer à le harceler comme elle l'avait fait durant ces trois jours, il valait mieux une rupture définitive, plutôt que d'essayer de recoller les morceaux d'une histoire où le doute s'installerait. Partir et ne plus jamais revenir...
Sans attendre 18 heures, Claire s'en alla, sans chercher à comprendre. Valentin était impardonnable. Et son arme, à elle, c'était le silence...
"Claire & Valentin", ça vous parle ? lol !
Vous l'avez deviné, je me suis glissée dans la peau de l'héroïne d'Antiblues !
Que je vous rassure, avec la permission de l'Auteur
"moi, vous me connaissez" !
ICI, l'épilogue est moins soft...
"Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus"
c'est l'éternelle histoire !
Merci Jeanne, de nous avoir fait découvrir (à la lettre "D")
"le jeu de plumes" d'Asphodèle
photo Asphodèle
Merci Asphodèle
pour toutes les heures passées sur ton ordi
à cause de nous !
C'est la dernière semaine de jeu avec Asphodèle. Cette fois, je me suis beaucoup amusée à jouer avec Antiblues !
Mais, tout d'même
j'avais aussi "mon" idée !
Je m'appelle Elisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach
(s'il vous plaît, appelez-moi Sissi)
Le hasard ne me laisse pas le choix de naître le jour même de Noël. Je suis donc accueillie dans le monde des humains, juste un peu avant minuit, le dimanche 24 décembre 1837, dans la résidence hiémale de mes parents, le duc Maximilien de Bavière et la duchesse Ludovica. Un couple étrange, mes parents, où l'harmonie ne règne guère, loin de la réalité imaginée par Ernst Marischka. Ma mère, amoureuse de Michel 1er de Portugal, vit son mariage comme une humiliation. Mon père, excentrique et volage, cherche tous les prétextes pour délaisser femme et enfants.
Le Palais de la Ludwigstrasse a résonné de mes premiers hurlements. Je grandis l'hiver à Munich, l'été dans le petit château de Possenhofen, avec mes frères et soeurs.
La campagne et la forêt sont mon refuge. En parcourant, tête nue, ces grands espaces, sans me soucier au retour de ma chevelure hirsute, j'aime à m'enfermer dans un halo de mélancolie poétique, qui me font oublier les contraintes dues à mon rang. J'adore les animaux, les chevaux en particulier, et ma soeur Hélène ne manque jamais une occasion de se moquer de l'attention que je porte à la pauvre haridelle abandonnée au fond des écuries. Quand je croise un chasseur, je me mets à rire ou à tousser pour éloigner un chevreuil insouciant, et je peux passer des heures à admirer l'élégance d'un hérisson.
Ainsi, les années passent. Belle et plutôt rebelle à 15 ans, le jour où l'empereur François-Joseph d'Autriche fête ses 23 ans, s'étant soudain épris de moi, il hésite à épouser Hélène...
Notre mariage est célébré le 24 avril 1854. Je suis Impératrice d'Autriche. Cependant, l'ambiance rigide de la Cour à Vienne, la vigilance de l'archiduchesse Sophie, le chagrin d'Hélène, la guerre, les absences de mon mari, cette hécatombe d'êtres proches et aimés, hantent bientôt mes jours et mes nuits.
Je sombre dans la dépression et la maladie. Je regrette tant cette vie humble dans mon entourage proviencial. En 1890, je m'envole à Madère, dans une drôle de machine volante à aile tournante -l'ancêtre d'hélicoptère- pour soigner une toux incessante, le seul endroit en Europe où l'on fabrique encore une décoction à base de haschich capable de guérir la tuberculose. Dans l'hypothèse où ma maladie ne reculerait pas, je devrais partir à Corfou.
Enfin, après deux ans d'absence et de soins, plus sereine et résignée, je retrouve le faste de Vienne, avec toujours cette obsession de mon image et d'un besoin impérieux d'avasion.
Le 8 juin 1867, je suis couronnée Reine de Hongrie, aux côtés de François-Joseph. Je me passionne pour ce Pays et le peuple hongrois. Je deviens "leur" Erzsébel, et pour me faire honneur, les Magyars m'offrent le château de Gödöllö où je me sens si bien.
Plus le temps passe, plus je m'éloigne de l'empereur et je culpabilise, allant même jusqu'à le pousser dans les bras de Katharina Schratt. A force de me priver de nourriture pour ne pas grossir, je suis anémique, et souffre d'insomnies. Je décide de partir à Genève pour faire une nouvelle cure.
Le samedi 10 septembre 1898, le hasard ne me laisse pas le choix de vivre...
je suis assassinée.
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